Les branches professionnelles des Télécommunications, des Travaux Publics, du Bâtiment et de la Métallurgie représentant l’ensemble des acteurs de la filière stratégique des infrastructures numériques (CSF) ont signé, avec l’Etat, un EDEC (contrat d’engagement de développement de l’emploi et des compétences) le 1er décembre 2021, en présence de Cédric O, Secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, d’Elisabeth Borne, Ministre du travail, de l’emploi et de l’insertion, de Nicolas Guérin, Président du CSF Infrastructures numériques et de Bruno Lucas, Délégué général à l’emploi et à la formation professionnelle. Cet EDEC, fortement attendu, s’inscrit dans la droite ligne des objectifs prioritaires du Contrat Stratégique de Filière signé par ces mêmes fédérations et le Gouvernement, à savoir « sécuriser l’emploi et les passerelles de formations vers les nouveaux métiers des infrastructures numériques ». Accueillis par le Conseil Départemental du Val d’Oise et le syndicat mixte Val d’Oise numérique au sein du Hub Numérique Nikola Tesla, les parties prenantes de cet accord cadre ont visité un centre de formation de 2 500 m² ouvert sans discrimination aux organismes de formation, aux acteurs de l’insertion et de l’emploi, et aux entreprises du secteur.

Sécuriser l’emploi et les passerelles de formations vers les nouveaux métiers des infrastructures numériques 

Lors de la signature du Contrat Stratégique de Filière en 2019, les fédérations membres de la filière des infrastructures numériques se sont accordées autour d’un enjeu fondamental : réussir l’échéance de 2022 en termes d’emplois dans la filière, puisque le déploiement de la fibre optique a pour défi de mobiliser en quelques années un grand nombre de nouveaux salariés. Cet objectif premier doit permettre d’anticiper une gestion des ressources humaines de long terme pour les agents, mobilisés principalement sur une période de cinq ans. Avec une connectivité Très Haut Débit généralisée, de nouveaux métiers se créeront aussi naturellement, qu’il s’agisse du déploiement de la 5G ou de celui des Territoires connectés et durables. Il s’agit donc envisager les passerelles des métiers du Très Haut Débit vers les nouveaux métiers qui apparaitront, afin de pérenniser l’emploi dans la filière Infrastructures numériques.

Avec le déploiement de la fibre optique sur le territoire, qui devrait connaitre un pic d’emplois à mobiliser en 2022 (39 200 selon l’Observatoire annuel du THD), ainsi que le déploiement de la 5G, le développement des territoires connectés, de l’Internet des objets ou encore de datacenters, il est essentiel d’anticiper le besoin de compétences de la filière et de faciliter les mobilités professionnelles vers les emplois du secteur.

Ce nouvel accord d’engagement de développement de l’emploi et des compétences (EDEC), qui fait suite à celui concernant la fibre optique (2017-2020), s’inscrit dans cette ambition. Il permettra de sécuriser l’emploi et les passerelles de formation vers les nouveaux métiers des infrastructures numériques. 13 000 entreprises, dont une majorité de TPE-PME, et plus de 140 000 emplois directs sont concernés.

Mettre en œuvre un EDEC pour les nouveaux métiers de l’infrastructure numérique

Ce nouvel EDEC s’appuie sur l’état des lieux des actions achevées ou en cours de mise en œuvre du précédent EDEC fibre optique (EDEC fibre optique 2017-2020), et vise à répondre aux enjeux suivants :

  • Assurer une fin qualitative du plan de déploiement de la fibre optique, notamment sur le raccordement client ;
  • Identifier les besoins futurs sur la base de la situation actuelle ;
  • Anticiper l’émergence de besoins importants en professionnels dans les branches et corps de métier des infrastructures numériques qui ne sont aujourd’hui pas dimensionnés pour répondre à une forte demande future ;
  • Identifier les besoins en matière d’emplois à forte valeur ajoutée du fait du développement d’infrastructures toujours plus complexes et dématérialisées, nécessitant le recrutement de profils toujours plus qualifiés ;
  • Préparer les métiers de l’infrastructure numérique de demain (Smart territoires, Smart building, IoT, 5G) et favoriser le développement de passerelles entre différents métiers des infrastructures numériques, le développement de nouvelles formations et/ou l’émergence de nouvelles certifications.

L’objectif étant de rendre polyvalent et adaptable aux nouvelles infrastructures et aux nouveaux chantiers y compris à l’international, les salariés mobilisés jusqu’aujourd’hui dans des corps prédéfinis (monteur câbleur, technicien de maintenance, technicien bureau d’étude, etc.).

Quatre axes d’actions ont été définis dans ce nouvel EDEC :

  • Réaliser une étude pour cartographier les besoins en compétences de la filière concernant les grands chantiers à venir ;
  • Accompagner les entreprises des infrastructures numériques, notamment les TPE-PME, dans la gestion des emplois et des compétences ;
  • Conduire vers de nouvelles compétences dans la filière grâce à une révision de l’offre de formation et des modalités pédagogiques de sa mise en œuvre ;
  • Valoriser les actions de l’EDEC et mettre en place des outils de communication pour améliorer l’attractivité de ces métiers.

A travers ces quatre axes d’actions, l’EDEC permettra d’analyser l’évolution des besoins des entreprises mais également l’évolution des profils en interne. Il est en effet nécessaire d’interroger la pertinence des passerelles imaginées dans le cadre des travaux ayant été réalisés. L’étude permettra également de faire un état des lieux des tensions sur chaque métier cartographié, d’appréhender l’évolution des profils au sein de la filière et d’obtenir une estimation du nombre d’agents nécessaires à l’exploitation/maintenance des réseaux fibre optique déployés.

L’une des conclusions de cette étude pourra être la nécessité d’anticiper la mobilité des ETP mobilisés dans le cadre de la mise en œuvre du plan France Très Haut Débit vers de nouveaux métiers une fois la phase de déploiement de la fibre optique ralentie (estimée à 2022). A la fin de cette phase, l’ensemble des forces vives mobilisées devra nécessairement être réorienté vers de nouveaux métiers.

Cette anticipation est la vocation du projet « Emploi » du CSF « Infrastructures numériques » tel que présenté dans le Contrat Stratégique de Filière.

Le renforcement de la cohésion sociale

A travers cette étude, l’objectif du Comité Stratégique de filière « Infrastructures numériques » reste de mettre en œuvre un nouvel EDEC dédié aux métiers des infrastructures numériques de demain (territoires intelligents, bâtiments intelligents, IoT, 5G) pour favoriser le développement de passerelles entre différents métiers des infrastructures numériques, de nouvelles formations et/ou l’émergence de nouvelles certifications.

Cet objectif de cohésion sociale pourra être également renforcé par la mise en œuvre de la stratégie d’accélération 5G et futures technologies de réseaux de télécommunications, qui pourrait notamment ouvrir des chantiers sur l’offre de formation dans l’enseignement supérieur sur les futures technologies de réseau et sur le développement de l’attractivité de la filière pour des compétences clés.

Le développement d’actions sur la virtualisation des réseaux pourra servir à développer les connaissances de l’état actuel des compétences en la matière en France et identifier les obstacles à leur accroissement.

Le soutien de l’Etat reste particulièrement important pour que cet EDEC se concrétise. En effet, au regard de la situation économique actuelle liée à la crise sanitaire, l’engagement des partenaires privés reste parfois difficile, alors que la filière souhaite devenir un moteur d’emplois importants pour les prochaines années.

Au regard de ce soutien et de la mise en œuvre à venir de cet EDEC, il est indispensable pour la filière d’adresser les grandes priorités que sont la parité hommes / femmes, l’emploi des jeunes et l’insertion professionnelle (apprentissage – personnes éloignées de l’emploi), notamment pour les personnes peu qualifiées. A ce titre, les bonnes pratiques en la matière pourraient être identifiées au sein de la filière afin que l’ensemble de la filière soit encouragé à les généraliser.

L’implication du CSF dans la stratégie d’accélération 5G et futures technologies de réseaux de télécommunications sera également particulièrement importante pour développer des actions complémentaires à l’EDEC, notamment pour les compétences rares et à forte valeur ajoutée.